Si la vie politique ressemble parfois étrangement à une farce, c’est aussi ce mode théâtral qu’utilise Eduardo De Filippo pour parler des liens subtils unissant cette sphère à celle du monde culturel. Ainsi quand arrive Oreste Campese, un chef de troupe dont la roulotte vient tout juste de partir en fumée, il se confronte à Madame De Caro qui, elle, entre à peine dans ses nouvelles fonctions de Préfète.
Alors qu’elle pense régler cette funeste situation d’un coup de carnet de chèques (car elle a d’autres chats à fouetter), Oreste Campese refuse. Ce n’est pas l’argent qu’il souhaite, mais une reconnaissance symbolique. Artistique. Culturelle même. Hélas, cette demande n’est pas au goût de la Préfète. Il décide alors de se jouer d’elle en semant le doute et en brouillant les pistes. Toute Préfète qu’elle est, parviendra-t-elle à faire la différence entre réalité et fiction, entre la comédie et ses fonctions ? Comment sera-t-elle sûre que le médecin, le curé ou l’institutrice qui vont se présenter devant elle ne seront pas des acteurs ou des actrices se jouant d’elle ?
Avec cette satire baignée dans la tradition de la commedia dell’arte, De Filippo déploie un magnifique plaidoyer pour le théâtre. Une pièce écrite dans l’Italie des années 1960, mais qui résonne plus fort que jamais dans le monde d’aujourd’hui.
« À mon avis, un faux mort est bien plus inquiétant qu’un vrai. »
Oreste Campese